sur leurs enclumes y font jaillir des étoiles
immortelles, les anges y sont penchés sur leurs
créneaux d’or. Les ponts y sont faits de nuages.
Non, ce n’est là ni son pont, ni son veilleur,
ni ses tourelles. Encore une journée pour
arriver avant la nuit au bas de ses murailles.
Le Christ.
Et quand tu entrais dans une hôtellerie, que
disais-tu à l’hôtelier ?
Ahasvérus.
Je lui disais : mon hôtelier ; ah ! Remportez votre
vin dans votre cellier. Il est salé à mon palais
comme si je buvais mes larmes. Le vin que je
demande ne tarit pas dans son outre et son verre
est sans bords ; cherchez plus loin au fond de
votre caveau. Reprenez aussi votre chevet et
vos beaux rideaux de soie. On n’y peut pas dormir.
Sur le chevet que je demande dans mon hôtellerie,
tous les rêves sont vrais, les songes sont la
vie ; et les rideaux qu’il me faut dans mon lit
m’habilleront de leurs ténèbres, jusqu’au nouveau
matin du monde.
Le Christ.
Je t’avais envoyé du Calvaire pour cueillir après
moi dans chaque lieu ce qui restait de douleur
dans le monde. Es-tu bien sûr de l’avoir toute
bue ?
Ahasvérus.
D’un regard, vous aviez rempli mes yeux de larmes
éternelles. J’ai versé déjà tous mes pleurs
pendant la nuit que j’ai vécu. Vous m’aviez
laissé en héritage une coupe toujours pleine
de fiel. Rachel, en buvant sa part, l’a vidée
avec moi ce matin. Si vous voulez que je
recommence mon chemin, ah ! Donnez-moi d’autres
larmes dans mes yeux et d’autre fiel dans ma
coupe. De vos mains vous aviez attaché à mon front
une auréole, non pas d