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Guerre (on ne dit plus la Grande Guerre, là-bas, ce serait trop petit) a donné à son bar le nom… si salé, de Chat­-Percé.

Souvenir de bombardement, tout simplement. De bom­bardement de l’immense guerre, je vous l’ai dit.

Et souvenir flatteur pour la vertu de mistress All’ Keudor qui naquit Geneviève Petit, Grande-Rue, à Château-Thierry.

Donc, au temps où les Yankees, les Américains, défendaient cette ville, derrière la Marne, il y eut, certain jour, un terrible « arrosage » de préparation.

Vous savez ! Une de ces pluies d’obus éclatant, renversant tout, même les mœurs.

Teddy All’ Keudor, plus ou moins par ordre, descendit se mettre à l’abri dans une cave, en attendant la réaction de contre-attaque qui suivrait l’assaut allemand. Et dans cette cave, il trouva une belle fille avec son père ; c’étaient les bijoutiers établis au rez-de-chaussée de la maison.

On se serra vite, pour se donner confiance, et on le fit si bien que la petite, devant la mort imminente, voulut faire connaissance de l’autre mort, petite, comme elle. Et, la collaboration d’un homme étant indispensable, Teddy, l’Américain élégant et puissant, fut choisi, parce qu’il se trouvait là. La réalisation d’un rêve longtemps caressé !

Ainsi, durant la terreur russe, les belles aristocrates, dans les prisons moscovites, énervées par l’attente de l’exécution par la Tchéka, trompaient le temps en trom­pant leurs maris et même leurs amants, quêteuses d’ultimes frissons d’amour.

Dans la cave, castro-théodoricienne, ferme en face du danger, Teddy cherchait à prouver à Geneviève toute la sympathie des deux Amériques. Et, conquise par les baisers, la quêteuse de frissons s’abandonnait toute.

Vaines recherches du pauvre Sammy dont les lianes