Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
BAR

gouin qui signifie gens. Ainsi, parler baragouin, c’est parler comme les gens du dehors et les étrangers. »

barbe. — Faire barbe de paille à Dieu.

Cette expression, dont on se sert pour marquer la conduite intéressée d’un hypocrite qui ne fait que de mauvaises offrandes à l’église, tout en ayant l’air d’en faire de bonnes, a été corrompue par la substitution de barbe à jarbe ou gerbe. On a dit primitivement faire jarbe de foarre à Dieu, en parlant d’un payeur de dîmes qui ne donnait que des gerbes où il y avait peu de grain et beaucoup de foarre, foerre, fouerre ou fuerre (mots dérivés de foderum, qui, dans la basse latinité, signifie paille longue de tout blé). Rabelais dit de Gargantua (liv. i, ch. 2) : il faisait gerbe de feurre aux dieux.

Faire la barbe à quelqu’un.

C’est le braver ; c’est lui faire affront, ou bien l’emporter sur lui, l’effacer en esprit, en talent, etc. Le cardinal de Richelieu disait, dans ce dernier sens, en parlant de son affidé, le père Joseph, surnommé l’éminence grise : « Je ne connais en Europe aucun ministre ni plénipotentiaire qui soit capable de faire la barbe à ce capucin, quoiqu’il y ait belle prise. » Cette expression figurée est venue de l’usage de porter la barbe longue et du déshonneur attaché à l’avoir rasée, comme on le verra dans l’article suivant que j’ai déjà publié dans le journal la Presse, du 27 octobre 1838. Tous les faits qu’il contient sont historiques ; j’en préviens les lecteurs, afin que le mensonge de la forme sous laquelle je les ai présentés ne leur fasse point suspecter la vérité du fond.

POGONOLOGIE, DISCOURS SUR L’HISTOIRE DE LA BARBE.

Plusieurs savants, qui ont écrit de beaux et bons traités sur la barbe, en font remonter l’origine au sixième jour de la création. Ce ne fut point l’homme enfant que Dieu voulut faire. Adam, en sortant de ses mains, eut une grande barbe suspendue au menton, et il lui fut expressément recommandé, ainsi qu’à toute sa descendance masculine, de conserver avec soin ce