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BEC

et dans plusieurs autres locutions proverbiales que je vais rapporter.

Faire le bec à quelqu’un.

C’est le styler, lui faire la leçon, lui apprendre ce qu’il doit répondre pour ne rien dire de compromettant dans une affaire.

Prendre quelqu’un par le bec.

C’est prendre quelqu’un par ses paroles, l’amener à se couper dans son discours, le faire tomber en contradiction.

On a remarqué qu’il n’y a pas dans la langue française de mot plus ancien que le mot bec, qui se retrouve dans tous les dialectes celtiques. Suétone (In Vitell., cap. 18) nous apprend que le toulousain Antonius Primus, ami du poëte Martial et poëte lui-même, dont la victoire valut l’empire à Vespasien, avait été surnommé Bec par ses compatriotes.

Les bègues sont ceux qui ont le plus de bec.

Balbutientes plus cæteris ioquuntur.

Ceux qui parlent moins bien sont ceux qui parlent davantage. Il semble qu’ils ne puissent énoncer une idée qu’en recourant à un nombre infini de paroles, de même que les bègues ne parviennent à articuler un mot qu’à force d’en répéter les syllabes. L’esprit des premiers et tout juste comme la langue des seconds.

Ce proverbe s’emploie pour critiquer des prétentions ridicules et sans fondement.

Caquet-bon-bec, la poule à ma tante.

On appelle ainsi une cajoleuse, une enjôleuse.

M. de Walckenaer croit que l’expression vraiment comique de caquet-bon-bec est de l’invention de La Fontaine, qui dit en parlant de la pie dans la fable 11 du livre xii ;

Caquet-bon-bec alors de jaser au plus dru.

Mais il se trompe, puisque le dicton dont elle fait partie se trouve dans les Curiosités françaises d’Antoine Oudin, recueil imprimé