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BIE

mort de ce ministre, qui l’avait forcé de rompre ses liaisons avec le comte de Nocé, le chef des roués, il écrivit au favori disgracié : « Reviens, mon cher Nocé. Morte la bête, mort le venin. Je t’attends ce soir à souper. »

Au temps où les bêtes parlaient.

Rabelais prétend qu’il n’y a que trois jours, et l’on peut, si l’on veut, abréger encore l’intervalle.

Cette expression, dont on se sert pour faire une facile épigramme ou pour signifier le temps jadis, n’est point venue, comme on pourrait le croire, des fictions de l’apologue qui attribue à tous les animaux la faculté de parler. Elle est fondée sur une observation philosophique d’un très grand sens, et elle désigne proprement l’époque primitive où les hommes, vivant dans les bois, ignoraient l’art sublime de fixer la parole par le moyen des signes, n’avaient par conséquent qu’une intelligence bornée peu différente de l’instinct des bêtes, n’étaient en un mot que des bêtes parlantes.

bien. — Bien perdu, bien connu.

On ne connaît le véritable prix des choses que lorsqu’on ne les possède plus. Ce proverbe est tiré des deux vers suivants de Plaute (Comédie des Captifs, acte i, scène 2) ;

...... Nostra intelligimus bona,
Cum quæ in potestate habuimus, ea amisimus.

C’est après avoir perdu les biens dont nous jouissions que nous sentons ce qu’ils valent.

Il ne faut attendre son bien que de soi-même.

Le quatrain suivant, de je ne sais quel auteur, explique très bien ce proverbe :

Je ne puis me plaindre de rien,
Chacun prend part à ma disgrâce ;
Tout le monde me veut du bien,
Et j’attends toujours qu’on m’en fasse.

Il ne faut pas délibérer pour faire le bien. Parce qu’en délibérant on perd souvent l’occasion de faire le bien : Deliberando sæpe boni perit occasio.