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DIE

Servir Dieu, c’est régner.

Parce que celui qui sert Dieu maîtrise toutes ses passions, et règne sur lui-même. Ce proverbe est la traduction littérale de cette pensée d’un père de l’Église, Servire Deo regnare est. Il a beaucoup d’analogie avec ce qu’a dit Horace (Ode 6, liv. iii) ;

Dis te minorem quod geris imperas.

Dieu donne le froid selon le drap.

Dieu proportionne les peines qu’il nous envoie aux forces que nous avons pour les supporter. — Henri Étienne, qui ne laisse guère échapper l’occasion de ridiculiser les moines, prétend dans le chapitre 32 de son Apologie d’Hérodote, que quelques-uns d’entre eux avaient traduit par ce proverbe la belle expression du psaume 147, v. 16, Dat nivem sicut lanam, dont Godeau a fait la paraphrase suivante :

Lorsque la froidure inhumaine
De leur vert ornement dépouille les forêts,
Sous une neige épaisse il couvre les guérets,
Et la neige a pour eux la chaleur de la laine.

Dieu vous bénisse !

Polydore Virgile prétend que du temps de saint Grégoire-le-Grand, en 591, il régna dans l’Italie une épidémie violente qui fesait mourir en éternuant ceux qui en étaient atteints, et que le pontife ordonna des prières accompagnées de vœux pour arrêter les progrès du mal, ce qui introduisit la coutume de dire : Dieu vous bénisse ! Mais cette coutume date d’une époque bien antérieure au sixième siècle. Elle a existé de toute antiquité dans toutes les parties de l’ancien monde, et les navigateurs qui ont découvert le nouveau l’y ont trouvée établie. Plusieurs auteurs qui en ont recherché l’origine, l’attribuent à diverses raisons qu’ils déduisent de la religion, ou de la morale, ou de la physique. Je vais rapporter ce que j’ai pu recueillir de plus curieux sur cette matière traitée par Skookius, par Bartolin, par Strada et par d’autres savants.