Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/354

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
334
ÉCU

Fabio Mirto, archevêque de Nazareth, qui fut trois fois nonce du pape en France dans le xviie siècle, voulant montrer combien il faut prendre de précautions pour écrire, disait : « Il ne se trouve point dans tous les évangiles que notre Seigneur Jésus-Christ ait écrit plus d’une fois ; encore ne l’a-t-il fait que sur le sable, afin que le vent effaçât l’écriture. »

On lit dans l’Inconséquence du jugement public, par Diderot, ce joli passage : « J’ai cent fois dit aux amants : n’écrivez point ; les lettres vous perdront. Tôt ou tard le hasard en détournera une de son adresse. Le hasard combine tous les cas possibles, et il ne lui faut que du temps pour amener la chance fatale. »

Les Italiens ont ce proverbe : Pensa molto, parla poce, scrivi meno ; pense beaucoup, parle peu, écris moins.

écuelle. — Manger à la même écuelle.

Au temps de la chevalerie, dit Legrand d’Aussy, la galanterie avait imaginé de placer à table les convives par couple, homme et femme. La politesse et l’habileté des maîtres ou maîtresses de maison consistaient à savoir bien assortir les couples qui n’avaient qu’une assiette commune ; ce qui s’appelait manger à la même écuelle, expression qui, détournée du sens propre au figuré, s’employa pour marquer accointance, comme le prouvent ces deux vers d’un fabliau où il est parlé d’un oncle qui vivait scandaleusement avec sa nièce :

Et si sachiez que chascun jour
En une escuelle menjoient.

(Manuscr. de la Bibl. du Roi, n. 7588.)

Les dévots eux-mêmes suivaient l’usage de manger à la même écuelle par esprit d’humilité. Une vie de sainte Élisabeth en vers, célébrant la charité de cette sainte envers les pauvres, dit :

Mengier les fit en s’escuelle.

(Manuscr. de la Bibl. du Roi, n. 7218.)

Au reste, cet usage, bon ou mauvais, ajoute Legrand d’Aussy, s’est conservé longtemps en France, et même il a subsisté en