Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
344
ENT

à Bacchus, et ils disaient : Vino vendibili suspensâ hederâ nihil opus. — Les Espagnols disent : El bon vino la venta trahe consigo, le bon vin porte sa vente avec soi.

À bonnes enseignes.

Dans les tournois, les dames donnaient à leurs chevaliers ce qu’elles appelaient faveurs, joyaux, noblesses, noblois, connaissances ou enseignes. Ces dons étaient une écharpe, un voile, un bracelet, un nœud, une boucle, etc., qui servaient à parer la cotte d’armes comme d’un signe de reconnaissance. C’est de cet usage qu’est venue l’expression À bonnes enseignes, qui s’emploie pour signifier : à bon titre, à juste titre, avec des garanties, avec des sûretés. Exemples : Il ne faut donner des éloges qu’à bonnes enseignes. — Il ne faut prêter son argent qu’à bonnes enseignes.

On dit aussi : À fausses enseignes dans un sens contraire. « Giles, évêque de Reims…, jouissait à fausses enseignes de quelques terres appartenant au roi. » (Pasquier, Recherch., p. 129.) — À telles enseignes que…, est une expression qui équivaut à celle-ci : La preuve en est que…

entendre. — Il ne faut pas condamner sans entendre.

Ce proverbe est une formule de droit. Pour en constater l’ancienneté en France, je remarquerai qu’un article de la constitution perpétuelle dressée sous Clotaire II, en 614, par l’aristocratie laïque et l’aristocratie ecclésiastique réunies, défendit aux juges de condamner un homme libre ou même un esclave sans l’avoir entendu.

Il faut entendre les deux parties.

« Il faut comparer les objections aux preuves ; il faut savoir ce que chacun oppose aux autres, et ce qu’il leur répond. — Plutarque (Contredits des philosophes stoïques) rapporte que les stoïciens, entre autres bizarres paradoxes, soutenaient que dans un jugement contradictoire, il était inutile d’entendre les deux parties : Car, disaient-ils, ou le premier a prouvé son dire, ou il ne l’a pas prouvé. S’il l’a prouvé, tout est dit, et la partie adverse doit être condamnée ; s’il ne l’a pas prouvé, il a tort,