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d’empire que la nature avec laquelle elle se confond si bien, qu’un philosophe n’a pas craint de dire : On appelle l’habitude une seconde nature, et peut-être la nature n’est-elle qu’une première habitude.

haie. — N’approchez pas des haies.

Dans un village du Poitou, une femme, après une grosse maladie, tomba en léthargie. On pensa qu’elle avait perdu la vie, on l’enveloppa d’un linge seulement, selon la coutume des pauvres gens du pays, et on la porta au cimetière. Les porteurs ayant passé à travers des buissons, les épines la piquèrent, et elle revint de sa léthargie, si bien qu’elle vécut encore quatorze ans. Au bout de ce temps, elle mourut, ou du moins son mari crut qu’elle était assez morte pour être enterrée. Il la fit porter de nouveau au dernier asile, et lui-même voulut accompagner son corps ; mais en arrivant à l’endroit des buissons, il s’écria à plusieurs reprises : N’approchez pas des haies. Ce qui devint un proverbe dont le sens moral est : ne fréquentez pas les gens qui peuvent vous faire du mal ; éloignez-vous de la société des méchants.

hallebarde. — Cela rime comme hallebarde et miséricorde.

Cela ne rime pas du tout. — Certain parémiographe a prétendu qu’il faut entendre ici par miséricorde une dague de ce nom[1], avec laquelle les hommes de guerre d’autrefois achevaient un ennemi terrassé, en l’enfonçant dans le défaut de son armure, et il a indiqué l’extrême différence de la miséricorde, arme très courte qu’on portait à la ceinture, et de la hallebarde, arme très longue qu’on portait sur l’épaule, comme raison du proverbe employé, suivant lui, pour ridiculiser l’assimilation de deux choses disproportionnées ou disparates.

Cette origine ne me paraît pas admissible, en voici une autre

  1. Cette dague, encore en usage en 1716, avait été ainsi nommée, suivant Fauchet, parce que, dès l’instant qu’elle était tirée, le vaincu devait crier miséricorde, s’il voulait éviter la mort.