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PIE

pie.Être au nid de la pie.

C’est-à-dire au plus haut degré d’élévation, de fortune, parce que la pie fait toujours son nid à la cime de l’arbre le plus élevé On dit aussi : prendre la pie au nid ; trouver la pie au nid, pour signifier, se procurer un grand avantage, faire une découverte importante.

pièce. — Faire pièce à quelqu’un.

C’est lui faire une malice. — Cette expression est venue de l’usage où l’on était autrefois de composer et de faire chanter quelque pièce de vers contre les personnes qu’on voulait railler ou ridiculiser. Cet usage existait particulièrement en Provence ; et le roi René ne l’oublia point dans la procession qu’il institua pour la Fête-Dieu à Marseille. Une scène de ce grand drame montrait Momus, le dieu de la critique, sur un théâtre porté sur les épaules de plusieurs hommes. Ce Momus, couvert d’un habit emplumé, collé sur le corps, était accompagné de tous les animaux que les anciens lui donnaient pour symboles. Il avait au devant de lui des momons qui chantaient et dansaient grotesquement, et, dans les haltes de la procession, ridiculisaient les spectateurs contre lesquels il y avait à gloser. Parmi ces momons étaient entremêlés des troubadours, appelés par le peuple les farceurs, qui, en langage rimé, s’attachaient à dire aux gens leurs vérités les plus cachées, d’où est venue cette expression proverbiale commune en Provence : Dire son vers à quelqu’un.

pied. — Être sur un grand pied dans le monde.

C’est y être en estime, en considération, y jouer un rôle brillant. — Geoffroi Plantagenet, comte d’Anjou, un des hommes les plus beaux et les plus galants de son siècle, avait au bout du pied une excroissance de chair assez considérable. Il imagina de porter des souliers dont le bout recourbé était de la longueur nécessaire pour couvrir cette imperfection sans le gêner. Chacun voulut bientôt avoir des souliers comme ceux de ce seigneur ; et la dimension de cette chaussure, qu’on nommait à la poulaine, devint, surtout dans le xive siècle, la mesure