Argent fait perdre et pendre gent.
Nos pères, qui aimaient les jeux de mots, disaient encore : Argent ard gent. Ard est la troisième personne du présent indicatif du vieux verbe ardre ou arder (brûler).
Les Italiens disent : Qui veut s’enrichir dans un an se fait pendre dans six mois.
Qui a de l’argent a des pirouettes (ou des cabrioles).
Ce proverbe signifie, au propre, que celui qui a de l’argent saute et danse volontiers, et, au figuré, qu’il a de quoi se réjouir, de quoi satisfaire ses fantaisies et se procurer tout ce qui lui plaît ; explication plus juste et plus naturelle que celle qu’on trouve dans la plupart des auteurs, qui disent seulement que celui qui a de l’argent a de tout, laissant à deviner pour quel motif il est question de pirouettes ou de cabrioles.
Chargé d’argent comme un crapaud de plumes.
Le proverbe précédent nous a montré l’homme qui a de l’argent plein de légèreté et prêt à entrer en danse ; celui-ci assimile l’homme sans argent à un lourd reptile : en effet, quand on a la bourse bien garnie, on se sent plus léger, comme si le contentement était une espèce de ressort secret qui favorise l’aisance des mouvements ; et quand on a la bourse vide, on se sent plus lourd, comme si la tristesse était un poids invisible sous lequel on ne peut avoir une allure dégagée : deux faits qui sont en raison inverse des lois du système de gravité. Il est probable que cette différence a été présente à l’esprit de l’homme qui le premier a imaginé de dire chargé d’argent comme un crapaud de plumes ; elle est du moins caractérisée dans cette expression. On sait que l’argent et les plumes se confondent sous une même idée, dans plusieurs façons de parler usitées parmi le peuple, comme se remplumer, plumer quelqu’un, avoir des plumes de quelqu’un au jeu, laisser ses plumes au jeu, etc.
Les Polonais disent : Nu comme un saint turc, parce que les dervis ou derviches, religieux turcs qui font profession de pauvreté, vont toujours les jambes nues et la poitrine découverte,