Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/31

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— Oh ! oh ! vous êtes encore en vie, fit le paysan d’un ton joyeux.

— Pila ! viens ici ! dit une voix d’homme qui parlait de la soupente, très faible.

Sans se presser, Pila grimpa sur le poêle, où il aperçut une vieille femme étendue.

— Tu n’es pas encore crevée ? lui demanda-t-il avec sympathie.

La vieille ne répondit que par un gémissement.

Plus haut, dans la soupente, se trouvait Syssoïko, un jeune homme de vingt ans, couché dans sa touloupe, fort pâle et horriblement maigre. Il tremblait et frissonnait.

— Chauffe le poêle… veux-tu ? Il fait un froid qui me glace.

— Que faire ? C’est l’hiver. Tiens, mange, ajouta Pila, en lui tendant quatre pommes de terre cuites.

— Je suis bien malade, va, j’ai mal dedans… dit Syssoïko ; il aurait voulu se plaindre et indiquer son mal à Pila, mais il ne le put pas. Tout à coup, l’œil plus vif d’avoir mangé, il demanda :

— Et Aproska ?

— Aproska ? Elle est malade.

— Crèvera-t-elle ?

— Qui sait. En tout cas, elle est bien embêtante, elle ne fait que geindre et me dire : « Va vers Syssoïko, porte-lui ces pommes de terre ! »