Page:Récits de voyages d’un Arabe, trad. Lébédew, 1902.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un autre dit : Tu étais heureux et tu es devenu bienheureux.

Un autre : Les simples mortels trouvent dans la mort l’égalité avec les rois, et les rois reçoivent une leçon par la mort des simples mortels.

Un autre : Tu étais heureux et ton empire était grand. À présent ton nom et ton règne sont tombés.

Un autre : Tu pouvais être bienfaisant dans la vie, tandis qu’aujourd’hui l’on dit : Que Dieu soit miséricordieux envers celui qui a été bienfaisant lorsqu’il en avait le pouvoir.

Un autre : Hier, tout le monde te craignait, tandis qu’aujourd’hui personne ne te craint plus. Quand tout le monde eut cessé de parler, sa femme, la fille de Darius, s’avança et dit, en mettant sa main sur le bord du sarcophage :

« Je ne pensais pas, ô roi, que la mort vaincrait celui qui a brisé le pouvoir de Darius. »

Puis sa mère s’approcha et dit, en appuyant sa joue sur le sarcophage :

« Vous avez prononcé beaucoup de paroles consolantes. Ce que je craignais pour Alexandre est arrivé ! Et rien ne nous est resté, ni conquêtes, ni royaumes ! Il faut donc se retirer du monde avant qu’il ne nous quitte. J’accepte vos consolations et j’ordonne de l’ensevelir. »

Et il fut enseveli à Alexandrie. C’était à la fin de l’an cinq mille deux cent soixante-treize de la création du monde.

Un des papes de Rome dit dans son histoire qu’Alexandre a vécu soixante-douze ans, dont seize avant de régner et soixante-six étant roi !