Page:Récits de voyages d’un Arabe, trad. Lébédew, 1902.djvu/96

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qu’à lever cette amulette vers le ciel dans la paume de ta main, et rien de tout cela ne te touchera ni toi ni tes hommes.

« Tu porteras la troisième sur toi pendant le combat, et alors ni les glaives ni les lances ne pourront te nuire.

« La quatrième retiendra ton armée de la passion pour les femmes, car le libertinage dans l’armée est un trop grand mal, dont on ne peut ni se corriger ni atténuer les mauvais effets, et dont l’ennemi profite souvent pour en arriver à ses fins. »

Aristote lui fit un grand coffre où il mit des statues qui représentaient ses ennemis ; les uns tenaient en main des sabres recourbés en plomb ; d’autres — des lances renversées. Il les cloua toutes dans le coffre, la face contre terre, et les lia avec des chaînes de fer en lui disant de répéter continuellement les conjurations qu’il lui avait enseignées.

« Sache, ô roi », lui dit-il encore, « que je vois d’après ta haute étoile que tu vaincras les rois et augmenteras tes richesses. Voilà tout ce que je vois concernant la force de ton étoile, l’élévation de ton empire et la grandeur de ta mission. Va, avec l’aide et la bénédiction de Dieu qui t’accordera le succès et la conquête de tes ennemis ».

Aristote n’est pas allé lui-même avec Alexandre, mais il envoya à sa place Philémon, un de ses disciples les plus intelligents, pour qu’il veillât à l’exécution exacte de toutes ses recommandations.

Ne pouvant entrer en détails trop longs, disons, en quelques mots, qu’Alexandre ayant rassemblé son armée, marcha contre Darius, le roi de Perse. Ayant