Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/122

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sagesse et la vertu. Quelque part qu’on les rencontre, dans quelque état, dans quelque condition, dans quelque profession, et dans quelque métier que ce soit, elles sont le passe-port du ciel pour le rang et pour l’honneur. Malheur au pays qui serait assez fou et assez impie pour dédaigner les services des talens et des vertus civiles, militaires ou religieuses, qui lui seraient offerts pour l’orner et pour le servir ! Malheur au pays qui condamnerait à l’obscurité tout ce qui est propre à illustrer un état, et à l’environner de gloire ! Malheur encore au pays, qui donnant dans un extrême opposé, regarderait une éducation servile, une manière bornée d’envisager les choses, des occupations mercenaires et sordides, comme des titres préférables pour commander ! Toutes les carrières doivent être ouvertes pour tous les hommes, mais non pas indifféremment. Rien n’est plus mauvais que l’usage d’accorder des commissions par tour ou par chance dans un gouvernement qui embrasse une grande multiplicité d’objets ; rien de plus mauvais que l’usage des élections qui opèrent dans cet esprit de scrutin et de rotation. Ces moyens n’ont aucune tendance directe ou indirecte pour fixer ou pour placer chaque homme dans l’emploi pour lequel il est propre. Je n’hésite nullement à dire que la route qui conduit d’une condition obscure aux dignités et au pouvoir, ne doit pas être rendue trop aisée. Si un rare mérite est la plus rare de toutes les choses rares, il devrait être mis à quelque épreuve. Le temple de l’honneur ne pouvait être mieux placé que sur une élévation ; s’il est ouvert à la vertu, souvenez-vous aussi.