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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/156

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de son sein presque tous ceux qui y apportaient un esprit et des vues modérées ; tandis que ceux qui professent les mêmes principes de modération, avec plus de patience ou une meilleure espérance, restaient exposés chaque jour à des insultes outrageantes ou à des menaces meurtrières. Là, une majorité réelle ou supposée, captive elle-même, force un roi eaptif de donner comme des édits royaux, reçus de la troisième main, des stupidités souillées. Il est notoire que toutes leurs mesures sont arrêtées avant qu’elles soient débattues ; il est indubitable que, sous la terreur des baïonnettes et de la lanterne, et de la torche qui menace leurs maisons, ils sont obligés d’adopter toutes les mesures furieuses et indigestes suggérées par des clubs, où, l’on trouve un mélange monstrueux de tous les états, de toutes les langues et de toutes les nations., Parmi les êtres qui les composent, on trouve des gens auprès desquels Catilina aurait passé pour scrupuleux, et Céthégus pour un homme sobre et, modéré. Et ce n’est pas seulement dans ces clubs que les mesures publiques reçoivent ces tournures monstrueuses ; elles subissent un premier degré de difformité dans les académies de jeu, ou tripots, qui sont comme autant de séminaires pour ces clubs, que l’on a soin d’établir dans tous les endroits où il y a une certaine affluence. C’est dans ces rendez-vous de toute espèce, que tout ce qui est téméraire, violent et perfide, passe pour marqué au coin d’un génie supérieur ; que l’humanité et la compassion sont ridiculisées comme les fruits de la superstition et de l’ignorance, et que la sensibilité que les