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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/177

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chose serait alors une nation, composée de barbares grossiers, stupides, féroces, et en même temps pauvres et sordides, privée de religion, d’honneur, d’une fierté mâle, dénuée de tout pour le présent, et n’ayant rien à espérer pour l’avenir ?

Je souhaite qu’il vous soit possible de ne pas arriver bien vite et par le chemin le plus court à cette horrible et dégoûtante situation. On reconnaît déjà dans tous les procédés de l’Assemblée et de tous ceux qui l’endoctrinent, une conception pauvre, grossière et vulgaire. Leur liberté n’est pas libérale ; leur savoir est une présomptuense ignorance ; leur humanité est une brutalité sauvage.

Il n’est pas bien décidé si en Angleterre nous avons reçu de vous ces grands et convenables principes, et ces mœurs dont nous conservons encore des traces très-profondes, ou si vous les avez empruntés de nous ; mais je crois que c’est de vous que nous les tenous. Il me semble que vous êtes gentis incunabula nostrœ, le berceau de notre nation. La France a toujours influé plus ou moins sur les mœurs de l’Angleterre ; et quand cette source sera arrêtée et corrompue, le cours de son onde sera bientôt interrompu, on bien elle ne nous arrivera que troublée, et il en sera peut-être de même à l’égard des autres nations. De cette circonstance, il résulte, selon moi ; que l’Europe entière n’a que trop de raisons pour considérer tout ce qui se passe en France sous le rapport de son intérêt prochain et immédiat. C’est pourquoi vous m’excuserez sans doute de m’être arrêté aussi long-temps sur