Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/335

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cevoir, par la puissance de l’État, une direction publique pour l’usage de leurs propriétés et pour le régime habituel et intérieur des individus qui les composent, que des citoyens isolés ne peuvent et ne doivent peut-être jamais l’être ; et ceci me paraît être une considération fort importante pour ceux qui veulent entreprendre des choses qui méritent le nom d’une entreprise politique. Je n’en dirai pas davantage sur les biens des monastères.

Quant aux biens possédés par des évêques, par des chanoines et par des abbés commendataires, je ne peux comprendre pour quelles raisons certains biens fonds ne peuvent être possédés à un autre titre qu’à celui d’une hérédité par succession. Quelqu’un des destructeurs philosophiques pourrait-il entreprendre de démontrer le danger positif ou comparé, d’avoir une certaine et même une grande portion de propriété fonciere arrivant successivement à des personnes dont le titre de possession est, toujours en théorie, et souvent dans le fait, un degré éminent de piété, de morale et de savoir ; propriété qui, par sa destination, par sa circulation, et par l’attrait qu’elle offre au mérite, donne aux familles les plus nobles du relief et du soutien, et aux familles les plus communes de l’élévation et de la dignité ; propriété dont on ne jouit qu’à la charge de l’accomplissement de certains devoirs (quelle que soit la valeur qu’il vous plaise d’accorder à ces devoirs), et que le caractère de ceux qu’on en pourvoit, astreint à conserver un extérieur décent et de la gravité dans leurs manières, qui les oblige à