Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/340

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sur cette différence nous dirigera vers le véritable esprit de sa conduite ; tout ce qu’elle a fait jusqu’à présent, ou tout ce qu’elle fait encore pour obtenir et pour conserver son pouvoir, est, en fait d’art, tout ce qu’il y a de plus commun. Elle agit exactement comme ont fait avant elle tous ses ancêtres en ambition. Suivez-les attentivement dans toutes leurs fraudes, dans leurs artifices et dans leurs violences, vous ne trouverez rien du tout de neuf : ils suivent les antécédens et les faits avec la pointilleuse exactitude d’un plaideur. Ils ne s’écartent jamais d’un iota des formules antiques de la tyrannie et de l’usurpation ; mais dans leurs opérations relatives au bien public, leur ardeur les porte tout-à-fait à l’opposé ; ils abandonnent le tout à la merci des spéculations les plus nouvelles ; ils livrent les intérêts les plus chers du public à ces théories incertaines, auxquelles pas un seul d’entre eux ne voudrait confier le plus indifférent de ses intérêts privés. La raison de cette difference tient à ce que, dans leur désir d’obtenir et de conserver le pouvoir, c’est tout de bon qu’ils agissent ; ils voyagent sur les chemins battus ; au lieu que, relativement aux intérêts du public, qui ne leur causent pas des sollicitudes bien réelles, ils les abandonnent entièrement au hasard. Je dis au hasard, parce que leurs plans n’ont rien dans l’expérience pour prouver leur but avantageux.

Lorsqu’il s’agit d’erreurs commises par des personnes timides et défiantes dans ce qui tient au bonheur du genre humain, nous devons toujours les considérer avec une pitié mêlée de respect. Mais, parmi ces mes-