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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/346

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société pour objet, ne doit être exécuté qu’avec des élémens qui conviennent à la société. Là, l’esprit doit conspirer avec l’esprit : il n’y a que le temps qui puisse produire cette union des esprits, d’où résulte tout le bien auquel nous visons notre patience fera plus que notre force. Si je pouvais risquer d’en appeler à ce qui est actuellement si fort hors de mode à Paris, je veux dire à l’expérience, je vous dirais que, dans le cours de ma vie, j’ai connu, et que, selon ma portée et ma position, j’ai eu à coopérer avec de grands hommes, et que je n’ai encore vu adopter aucun plan, sans qu’il n’eût été modifié d’après les observations de ceux qui étaient fort inférieurs en intelligence à ceux qui étaient à la tête du travail. Par un progrès lent, mais bien soutenu, l’effet de chaque pas est surveillé : le bon ou le mauvais succès du premier donne des lumières pour le second ; et ainsi, de lumières en lumières, nous sommes dirigés sûrement dans toutes les parties : nous voyons si les parties du système ne se heurtent point. Les maux, cachés dans les dispositions qui promettaient le plus, sont détruits à mesure qu’ils se présentent : on sacrifie le moins possible un avantage à un autre. Nous compensons, nous faisons accorder, nous balançons, nous devenons capables d’unir en un tout qui a de la consistance, les diverses anomalies et les principes opposés qui se rencontrent dans les esprits et dans les intérêts des hommes. De là se forme, non une simplicité parfaite, mais, ce qui est infiniment supérieur, une composition excellente. Dans toutes les mesures qui doivent intéresser le genre hu-