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Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/348

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vos législateurs ont puisé toutes leurs opinions sur les professions, sur les rangs et les emplois de la vie, dans les déclamations et dans les bouffonneries des satiriques, qui seraient eux-mêmes bien étonnés s’ils voyaient que leurs peintures sont aujourd’hui prises à la lettre. En n’écoutant que ces satires, vos guides ne considèrent les objets que sous le côté de leurs vices et de leurs défectuosités, et voient ces vices et ces défectuosités sous toutes les couleurs de l’exagération. Cela est indubitablement vrai, quoique cela puisse paraître paradoxal ; mais généralement, ceux qui sont habituellement employés à chercher et à découvrir des fautes, sont incapables de travailler à des réformes, non seulement parce que leurs esprits sont dépourvus des modèles de ce qui est bon et beau, mais parce que, par habitude, ils finissent par ne trouver aucun plaisir à la contemplation de ces choses ; en haïssant trop les vices, ils finissent par aimer trop peu les hommes ; c’est pourquoi il n’est pas étonnant qu’ils deviennent incapables de les servir, et même qu’ils y soient moins disposés. De là vient que beaucoup de vos guides sont portés par leur complexion même, à tout briser. C’est à ce jeu cruel qu’ils déploient tout ce qu’ils ont de moyens[1]. Quant au surplus, tout ce qui est paradoxe dans les plus habiles écrivains, tout ce qu’ils ont produit seulement comme des jeux de leur

  1. Dans Buffon, il est remarqué que la nature a donné quatre mains aux animaux dont l’instinct semble les porter à tout détruire, tels que les singes et les makis.(Note de l’Éditeur.)