Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/352

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que nous imaginons avoir été le plan primitif. Les ressources fournies par l’expérience, conviennent mieux aux fins politiques que celles que l’on invente dans des projets tout neufs ; elles réagissent sur la constitution primitive, et quelquefois elles perfectionnent le dessein même duquel elles semblent s’être écartées. Je crois que l’on pourrait trouver, dans la constitution anglaise, des exemples curieux de tout ceci. Au pis aller, les erreurs et les déviations de toute espèce sont calculées et estimées, et le vaisseau poursuit sa route. Tel est l’état des choses dans les vieux établissemens ; mais dans un système nouveau et purement théorique, on s’attend que chacun des moyens apparens répondra à sa fin, surtout lorsque les entrepreneurs n’ont nullement à compter an nombre de leurs efforts, le soin d’adapter leur nouvel édifice, soit aux murailles, soit aux fondations d’un ancien.

Les constructeurs français, balayant comme de purs décombres tout ce qu’ils ont trouvé, et semblables aux jardiniers de leurs parterres, nivellant tout avec soin, se proposent de poser toute leur législature générale et locale, sur trois bases de trois différentes espèces : une géométrique, une arithmétique et une financière. Ils appellent la première base territoriale, la seconde, base de la population, et la troisième, base de la contribution. Pour exécuter le premier de leurs desseins, ils partagent tout le territoire de leurs pays en quatre-vingt-trois morceaux ou carrés réguliers de dix-huit lieues sur dix-huit. Ces grandes divisions s’appellent