Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/404

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compté sur une telle obéissance, vous devriez opérer une révolution dans la nature, et procurer à l’esprit humain une nouvelle constitution. Autrement, votre gouvernement suprême ne peut être en harmonie avec son système exécutif. Il y a des cas où des noms et des abstractions ne suffisent pas pour agir. Vous êtes les maîtres d’appeler LA NATION une demi-douzaine d’individus qui vous guident, et que nous avons raison de craindre et de haïr. Le seul effet que cela produira, c’est que nous les craindrons et que nous les haïrons davantage. Si l’on a pensé qu’il fût justifiable et convenable d’opérer en France une telle révolution par de tels moyens et par de telles personnes, il aurait été plus sage de compléter l’entreprise des 5 et 6 octobre. Alors, le nouvel officier exécutif aurait dû sa situation à ses véritables maîtres ; il aurait pu être lié d’intérêts dans une association de crimes, et (si dans les crimes il pouvait y avoir des vertus) il aurait été lié par la reconnaissance, à servir ceux qui l’auraient promu à une place d’un grand profit et très-favorable à la sensualité, et à quelque chose de plus ; car il aurait reçu certainement de ceux qui n’auraient pas voulu donner de bornes à une existence qu’ils auraient créée, plus qu’ils n’ont voulu accorder à un antagoniste qu’ils ont avili et assujéti.

Un roi, réduit comme il l’est aujourd’hui, s’il se laissait entièrement abattre par ses malheurs au point de ne plus regarder comme la nécessité, mais comme les arrhes et le privilége de la vie, de manger et de dor mir, sans attacher aucun prix à la gloire ; un tel roi,