Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/438

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cette armée, par laquelle vous gouvernez, aussi bien que dans tout le corps de la nation, des principes qui, en peu de temps, vous priveront du pouvoir d’en faire l’usage auquel vous l’aviez destinée. Le Roi doit appeler les troupes à marcher contre le peuple, lorsque l’univers entier a entendu, et ces mots sonnent encore à nos oreilles, que les troupes ne devaient pas faire, feu sur leurs concitoyens. Les colonies se donnent une constitution indépendante, et un commerce libre : elles doivent être soumises par les troupes. Dans quel chapitre de votre code des droits de l’homme pourront-elles lire que c’est une partie de ces droits de l’homme, d’avoir leur commerce-soumis au monopole et à beaucoup d’entraves, pour le seul profit des autres ? De même que les créoles s’élèvent contre vous, les nègres s’élèvent contre eux. Encore des troupes, encore des massacres, des tortures, des potences ; ce sont vos droits de l’homme ! ce sont les fruits de ces déclarations métaphysiques, faites imprudemment, et honteusement rétractées ! Il n’y a que peu de jours, que des fermiers, dans un de vos carrés ou départemens, refusèrent de payer quelques espèces de rentes au seigneur de la terre. En conséquence de cela, vous avez décrété que tous les habitans des campagnes continueraient à payer rentes et devoirs, excepté ce que vous aviez aboli comme onéreux. Et s’ils refusent, alors vous ordonnerez au Roi de faire marcher des troupes contre eux. Vous établissez des propositions métaphysiques qui font tirer des conséquences universelles, et ensuite vous vous efforcez de limiter la