Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/440

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sur les terres, comme en effet cela est sans aucun doute.

Les paysans, en toute probabilité, sont les descendans de ces anciens propriétaires romains ou gaulois.

Mais s’ils ne peuvent pas bien établir la ligne de leur descendance, à la manière des antiquaires et des jurisconsultes, ils se retirent dans la citadelle des droits de l’homme. Là, ils trouvent que les hommes sont égaux, et que la terre, cette bonne et égale mère de tous, ne doit pas être foulée pour nourrir le luxe et l’orgueil de quelques hommes, qui, par la nature, ne sont pas meilleurs qu’eux, et qui, s’ils ne travaillent pas pour gagner leur pain, sont pires. Ils trouvent que, par les lois de la nature, celui qui occupe, ou celui qui s’est emparé du sol, en est le vrai propriétaire ; qu’il n’y a pas de prescription contre la nature ; et que les arrangemens (lorsqu’il y en a d’existans,) qui ont été passés avec leurs seigneurs pendant le temps de l’esclavage, ne sont que l’effet de la cruauté et de la force ; et que lorsque le peuple rentra dans les droits de l’homme, tous ces traités devinrent aussi nuls que tout le reste de ce qui avait été fait sous le règne de l’ancienne tyrannie féodale et aristocratique. Ils vous diront qu’ils ne voient pas de différence entre un fainéant à chapeau à cocarde nationale, et un fainéant en capuchon ou en rochet. Si vous fondez le titre de vos revenus sur l’héritage et sur la prescription, ils vous disent, d’après le discours de M. Camus, publié par l’Assemblée Nationale pour son instruction, que les choses qui ont mal commencé ne peuvent se pré-