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si complétement développée dans les Mémoires du duc de Saint-Simon[1], et qui n’avait plus besoin d’aucune démonstration aux yeux des gens raisonnables. Je me rappelle que sous le règne de Louis XV on fit une tentative du même genre ; mais, dans aucun temps, elle n’a répondu à son objet. Cependant les besoins occasionés par des guerres ruineuses avaient pu servir de prétexte à ces projets désespérés. Les résolutions prises dans le malheur sont rarement le fruit de la sagesse ; mais maintenant c’était la saison de l’ordre et de la prudence. C’est dans le temps d’une profonde paix dont on jouissait depuis cinq ans, et qui promettait de durer, beaucoup plus ; que leur désespoir les a fait recourir à ces bagatelles ; ils étaient assurés qu’en s’amusant, dans la situation sérieuse où ils étaient, avec tous ces colifichets et ces joujoux de la finance, dont les détails ont rempli plus de la moitié de leurs journaux, il en résulterait pour leur réputation un tort que le produit temporaire de toutes ces bagatelles ne pourrait jamais compenser. Pour adopter de pareilles me sures, il faut ou qu’ils aient méconnu la position dans laquelle ils étaient, on qu’ils fassent bien au-dessous de leurs besoins. Quelle que soit au surplus, la vertu de ces inventions, il est certain qu’on n’aura plus recours aux dons patriotiques, ni aux contributions patriotiques. Les ressources de la folie publique sont bientôt épuisées. Tous leurs plans de revenu public se sont bornés à employer des ruses de toute espèce ; pour pré-

  1. Paris, A. Egron, nouv. édit, en 6 vol. in-8o.(Note de l’Éditeur.)