Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

roles et le but direct de cette doctrine, c’est alors qu’ils espèrent échapper, en mettant en jeu les constructions équivoques et les tournures illusoires. Ainsi, lorsqu’ils ont dit très-positivement que le roi d’Angleterre devait sa couronne au choix de son peuple, et qu’il était par conséquent le seul roi légitime du monde entier, vous verrez que cela ne signifiera plus autre chose, sinon que quelques-uns de ses prédécesseurs ont été appelés au trône par une espèce de choix ; et que c’est par cette raison qu’il doit sa couronne à l’élection de son peuple. Ainsi, ils espèrent par un misérable subterfuge, et à la faveur d’une interprétation dérisoire, que leur proposition s’échappera saine et sauve ; car, si vous admettiez cette interprétation, comment leur idée d’élection différerait-elle de celle que nous avons de l’hérédité ? Et comment l’établissement de la couronne dans la branche de Brunswick, qui descend de Jacques Ier, légaliserait-il plutôt notre monarchie que celle de tout autre pays voisin du nôtre ? Dans un temps ou dans un autre, certainement tous les chefs de dynasties ont été choisis par ceux qui les mirent à leur tête. Il n’en faut pas davantage pour fonder l’opinion que toutes les couronnes de l’Europe ont été électives avec plus ou moins de limitation dans les objets du choix, si l’on veut se reporter aux époques les plus reculées. Mais, quels que puissent avoir été les rois, ici ou ailleurs, il y a mille ans, ou de quelque manière que les dynasties de l’Angleterre ou de la France aient commencé, le roi de la Grande-Bretagne est aujourd’hui roi, en vertu d’un ordre de succession