Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/93

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garantit de cette basse arrogance si commune aux nouveaux parvenus, et qui les rend si désagréables. Par ce moyen, notre liberté devient une liberté noble ; elle porte avec elle un caractère majestueux et imposant ; elle a sa généalogie et ses ancêtres illustres ; elle a ses supports et ses armoiries ; elle a sa galerie de portraits ; ses inscriptions monumentales, ses archives, ses preuves et ses titres. Nous procurons à nos institutions civiles le respect que la nature nous indique pour révérer les individus, à raison de leur âge et des ancêtres qui leur ont donné le jour. Tous vos sophistes ne peuvent rien produire qui soit mieux adapté à la conservation d’une liberté raisonnable et généreuse, que la route que nous avons suivie en préférant la nature à nos spéculations, nos âmes à nos inventions, pour être les grands dépositaires et les sauve-gardes de nos droits et de nos priviléges.

Vous auriez pu, si vous aviez voulu, profiter de notre exemple ; et, en recouvrant votre liberté, lui donner un caractère digne d’elle. Vos priviléges, quoique interrompus, n’étaient pas effacés de la mémoire. Votre constitution, il est vrai, pendant que vous aviez cessé d’en jouir, avait été bien endommagée et bien dilapidée ; mais il vous restait encore des pans de ses vieilles murailles, et vous possédiez en entier les fondations de ce château antique et vénérable. Vous auriez pu réparer ces murs, bâtir sur ces vieilles fondations. Votre constitution avait été interrompue avant d’avoir été achevée ; mais vous aviez les élémens d’une constitution aussi bonne qu’on pouvait la désirer. Vous