Page:Réflexions sur le Code noir, et dénonciation d'un crime affreux commis à Saint-Domingue.djvu/11

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d’en tirer aucune présomption, ni conjecture, ni adminicule. — Comme si l’on avoit juré de ne pas vouloir punir les délits dont les seuls esclaves pouvoient être témoins ! Comme si l’on disoit aux maîtres barbares : Soyez cruels ; mais cachez vos cruautés : n’en rendez témoins que ces vils esclaves, dont la voix ne sera jamais écoutée. — Eh ! l’on s’étonne encore une fois que ces noirs, avilis, torturés de tant de manières, soient abjects, et que leurs maîtres soient souvent inhumains ! La loi ne favorise-t-elle pas évidemment leur inhumanité ? Ne la favorise-t-elle pas, quand elle ordonne de leur faire couper le jarret, lorsqu’ils cherchent à recouvrer leur liberté par la fuite ? Ne la favorise-t-elle pas, quand elle les déclare des meubles, c’est-à-dire, des objets inanimés, au-dessous des bestiaux, qu’on peut briser ou mutiler à volonté ?

Non, Messieurs, de pareilles horreurs ne peuvent être long-temps revêtues du sceau de la loi, lorsque ce sceau est entre les mains des représentans d’un peuple libre. Elles forment un constraste trop violent avec vos principes. Il faut que l’abus, que la tyrannie cède à vos principes, ou que vos principes cèdent, et dès-lors votre constitution s’écroule.

Quand donc vos travaux sur la constitution