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Page:Régamey - Verlaine Dessinateur, 1896.djvu/14

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sin candide n’est autre chose que l’émanation directe de la pensée, servie par une vision intense et le plus souvent sarcastique du monde des formes. Et la main, qui n’a subi aucun exercice de dressage, domptée par le cerveau, se fait docile, et s’élève bien au-dessus des sempiternelles et fades redites calligraphiques des professionnels du chic.

De même que jadis certains personnages eurent le don des langues, de nos jours le don du dessin a été départi à de purs intellectuels, touchés par la grâce. Et ce don, chez ceux qui font métier d’écrire, ne va pas — sur ce point on ne saurait trop insister — sans une haute valeur littéraire, ou tout au moins sans une grande originalité.

Ces privilégiés sont donc rares.

On a vu ce phénomène se produire chez Victor Hugo. Qui ne connaît ses tableaux de rêve, formidables, fantastiques ; ses décorations sur toile et sur bois, aux vives colorations ?

On l’a vu de même chez Ernest d’Hervilly, qui s’est intitulé un jour « élève de l’école de Beaux Ar…bres de Fontainebleau ». Ses fantasques reconstitutions préhistoriques à l’aquarelle, ses impressions de nature, les amateurs avisés se les arrachent.

Camille Pelletan, poète, artiste jusqu’au bout des ongles, que la politique nous a ravi, est aussi l’auteur de compositions

étonnantes de couleur et d’esprit, — plutôt radi-

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