Aller au contenu

Page:Régamey - Verlaine Dessinateur, 1896.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maintenant nous sommes à Londres.

Le 10 septembre 1872, — en cet atelier de Langham Street, où j’ai pu si bien travailler, et dont le souvenir suffirait à me faire aimer l’Angleterre et son brouillard, — c’est Verlaine, arrivant de Bruxelles, qui frappe à ma porte. Il est beau à sa manière, et quoique fort peu pourvu de linge, il n’a nullement l’air d’être terrassé par le sort.

Nous passons des heures charmantes.

Mais il n’est pas seul. Un camarade muet l’accompagne, qui ne brille pas non plus par l’élégance.

C’est Rimbaud.

Naturellement on parle des absents.

À me voir peindre et dessiner, l’inspiration s’empare de Verlaine, et… mon album s’enrichit de deux perles.

C’est Napoléon iii après Sedan (iv) et le Prince impérial (v).

Chaque dessin est accompagné de vers absolument cocasses, parodiant le style de Coppée, effrontément signés d’un paraphe bouffi à la Joseph Prud’homme, où les trois points du franc-maçon sont remplacés par une petite croix, frétillante allusion à la douceur évangélique du poète des humbles.

Cela s’appelle blaguer les amis et ne porte pas à conséquence.

D’ailleurs Verlaine ne s’épargne pas lui-même, lorsqu’au

bas d’un de ses poèmes — extrait d’un journal ronge

22