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Page:Régamey - Verlaine Dessinateur, 1896.djvu/39

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Ton caprice vaut des raisons :
il fait luire les horizons
à la distance de cent lieues ;
vient dans la bonne odeur des pains ;
ils sont toujours verts, il sont peints
sur les grandes montagnes bleues.

Nous n’irons pas où chacun va,
tout ce que ton désir rêva
c’est la pente proche ou lointaine
où sur le vieux banc d’un châlet
on a des fraises et du lait
avec le glacier pour fontaine.

Et puis, claires de toutes parts,
la cloche des troupeaux épars,
le tonnerre des avalanches ;
les bonnes vaches qui font peur
l’aube de nacre, ou la vapeur
nocturne aux front des neiges blanches.

Nous reviendrons pourtant, vois-tu ;
l’Oberland a cette vertu
de faire regretter les roses ;
et nous aurions pour nos amours
les longs hivers, et les retours
des avrils frêles et moroses.

albert mérat

Paris le 20 mai 1870.

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