308 FIGURES ET CARACTERES
compas. II n’y aura donc, en tout ce qui va suivre, que des opinions.
Je ne prétends pas manier, un par un, les cubes colorés qui forment
ce qu’on pourrait appeler Mosaïque littéraire de notre temps. J’aime
mieux chercher à vous présenter le dessin qu’elle signifie que d’en défaire
et d’en refaire avec vous le damier multicolore.
Restons donc à la distance suffisante où les figures sont visibles sans
qu’on aperçoive le fragments inégaux qui les composent.
La Poésie, qui est éternelle, fait parfois semblant de mourir. Rassurez-vous. Elle ne meurt point ; elle dort et ce sont des sommeils de Belle-au-Bois-dormant d’où elle renaît, chaque fois plus vivante. Il y a dans l’histoire de la littérature française plusieurs de ces réveils. L’un d’eux, au XVIe siècle, s’est appelé la Renaissance ; un autre, au commencement du XIXe siècle, se nomma le Romantisme. La Muse qui s’était endormie, le cothurne au talon et la perruque au front, le corps serré des bandelettes d’un classicisme étroit, se réveilla, au beau soleil de 1830, en pleine nature, les pieds nus, la chair rafraîchie, le teint vif, turbulente, rêveuse et passionnée. Debout en pleine vie, elle se drapa de couleurs éclatantes. Elle eut le geste ample et brusque. Hugo la mena partout avec lui. Elle parcourut avec lui le monde des formes et des images. Lamar-