Aller au contenu

Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VII

Malgré sa déception secrète, Michel reconnut la sagesse de son directeur et, après réflexion, s’affermit à la fois dans l’obéissance et dans la résistance. Il se soumit au conseil qu’il avait reçu avec la décision calme de ceux qui, occupés d’un grand rêve, acceptent de lutter et de souffrir pour le réaliser. Le retour à Paris, envisagé maintenant comme une épreuve, ne l’épouvantait plus. Un espoir était en lui dont il pouvait vivre.

Avant de quitter ses deux pénitents, le père Athanase les reçut encore plusieurs fois, les entretint longuement l’un après l’autre. Mais il les exhorta surtout à se montrer fidèles dans les petites choses et ne fit aucune allusion à la possibilité d’une double vocation. Adélaïde en éprouva quelque surprise. Michel qui comprenait et approuvait l’attitude du religieux la lui expliqua :

— Le rôle du prêtre est avant tout un rôle de modérateur. Il a pour mission de résister au mal et au bien à la fois. S’il soutient les faibles qu’ébranle la tentation, il retient aussi les âmes présomptueuses qui voudraient conquérir trop vite le royaume de Dieu. Et voilà que notre père, sagement, est devenu notre adversaire. Il sait ce que nous souhaitons tous deux, pourtant il