Aller au contenu

Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

I

— Tout ce que vous venez de me dire, vous l’avez, sans doute, expliqué à votre confesseur ?

La mère Hermengarde avait posé cette question négligemment, tout en reculant son fauteuil de façon à se placer à contre-jour, entre les deux fenêtres ogivales de son oratoire particulier. La lumière d’un pâle soleil d’hiver, épargnant sa silhouette indécise, allait frapper en face d’elle la moniale qui lui parlait, assise sur une chaise basse.

Elle scrutait ainsi plus à l’aise le visage d’Adélaïde, en religion mère Constance. Il ne ressemblait guère à ces figures closes de nonnes où le regard modeste, presque toujours baissé, demeure, quand il se lève, pareil à une vitre sans tain qui ne reflète rien. Ce visage, après sept ans de cloître, gardait sous la guimpe et le voile son éloquence palpitante. La physionomie, extrêmement mobile, échappait au contrôle de la volonté, trahissait les moindres émotions du cœur. Elle exprima tout à coup une inquiétude éperdue :

— Je ne crois pas… non, je ne pense pas… C’est si difficile… pourtant je n’ai jamais eu l’intention de rien dissimuler au père Gontran…

— Mais j’en suis sûre, mon enfant, dit l’abbesse,