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l’abbaye d’évolayne

Michel en un même lieu, acquiesça avec empressement :

— Allons à Évolayne !

Michel étudia encore quelques instants la carte, cherchant le chemin le plus court, calculant le nombre des kilomètres. En marchant bien, ils pouvaient être à Évolayne pour le dîner. Sitôt la frontière franchie, il lança sa voiture à une allure folle, ne ralentissant qu’à la traversée des villages. Adélaïde n’aimait guère ces randonnées vertigineuses. Abasourdie par la vitesse, le bruit, la poussière, elle ne regardait rien que la carte étendue sur ses genoux et ce point fixe où ils s’arrêteraient enfin. Vers six heures du soir, elle annonça : « Nous approchons ! » Peu après, sur la plus lointaine colline ils aperçurent les tours de l’abbaye, puis l’abbaye entière. Michel arrêta sa voiture. Le silence des champs succédant au bruit du moteur parut divin aux voyageurs. Au delà de la route leurs yeux se reposaient sur des prairies aussi vertes, aussi lustrées que les pelouses bien entretenues d’un jardin d’agrément. Un ruisseau y coulait dont on entendait le murmure léger. Le paysage riant, fait de vallées herbeuses et de coteaux boisés, s’élevait par plans successifs jusqu’à l’horizon, où sa plus haute pointe était l’abbaye. Toutes les lignes de l’étendue convergeaient vers elle. La lumière du soir, éclatante, se brisait sur sa masse grise et rejaillissait autour d’elle en une sorte de vapeur dorée, pailletée d’étincelles. Elle ne faisait pas partie, comme toutes les églises en général, d’un village ou d’un groupe d’habitations. Elle n’avait à ses pieds que des arbres, des champs, des troupeaux épars dans les pâturages qui sem-