Aller au contenu

Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
l’abbaye d’évolayne

sait au doigt un nouvel anneau d’or. Très haut Dom Athanase disait : « Ne séparons point ce que Dieu a uni. » Le père Abbé, mitre en tête, montait à l’autel, lisait l’épître du mariage : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé son Église. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même, car personne n’a jamais haï sa propre chair… Ce sacrement est grand… » La respiration d’Adélaïde devenait plus égale. Elle entendit encore le sifflement d’un train, un chant d’oiseau… Puis, à son oreille, une voix répéta : « Ce sacrement est grand !… » — Quel sacrement, qu’est-ce ?… De quoi s’agit-il ?… songeait-elle s’efforçant de retenir au bord du réel sa pensée qui sombrait. Brusquement les formes, les images, les sons, les clartés s’éteignirent dans son cerveau. L’ombre les engloutit et se referma. Ses membres se détendirent. Une main prompte, douce, toute-puissante enleva le fardeau qui pesait sur son cœur. Elle dormait.