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Page:Régnier - L'abbaye d'Évolayne, 1951.djvu/244

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l’abbaye d’évolayne

une chose pénible pour vous. Mais conservons l’espérance. Un grand bien sort toujours de l’épreuve. Avant tout, mon ami, ne vous troublez pas.

Cette dernière parole fut un réconfort pour Michel. Elle était le mot d’ordre impérieux auquel il obéissait depuis huit ans et qui lui avait refait peu à peu une seconde nature. D’ailleurs l’entrevue qu’il devait avoir avec Adélaïde ne prenait pas à ses yeux comme aux siens un caractère définitif. Il ne savait pas qu’elle hésitait entre la mort et la vie, qu’un mot maladroit pouvait faire pencher la balance du côté sombre. Il pensait user du pouvoir qu’il avait sur elle pour lui rendre un peu de confiance en l’avenir, sans prendre cependant aucune initiative, sans lui donner aucun conseil précis. Comme tous ceux qui vivent avec la pensée constante de l’éternité, il ne s’effrayait jamais du présent. Il comptait que le temps, la grâce, toujours lente à agir, calmerait mieux que sa parole et ses pauvres efforts l’âme d’Adélaïde. Tandis qu’elle attendait leur rendez-vous dans le repliement, le silence, la solitude, lui s’y prépara comme il put au milieu de ses occupations habituelles. Prêtre, il appartenait à tous. Le souci que lui causait l’être qu’il aimait le mieux au monde ne le déchargeait pas de ses autres devoirs. Dans la matinée, il dut se consacrer à plusieurs retraitants, venus pour quelques jours à l’abbaye. L’un d’eux qu’il dirigeait le rejoignit après la messe conventuelle. Ils sortaient ensemble des jardins de l’abbaye lorsque le moine aperçut sa femme. Son cœur bondit vers elle. Pourtant il domina son impatience. Son jeune pénitent allait quitter Évolayne, Il désirait lui faire quelques dernières recomman-