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V

Le même jour, après les vêpres, Michel annonça joyeusement au père Athanase la conversion d’Adélaïde. Le moine accueillit la nouvelle avec quelque surprise :

— Cela s’est fait bien vite, dit-il en hochant la tête. Lorsque je l’ai interrogée, rien ne faisait prévoir qu’elle pût redevenir chrétienne.

— Et pourtant elle l’était déjà, affirma vivement Michel. Mais sa réserve s’explique. Je ne vous aurais pas ouvert si aisément mon âme, si vous n’aviez été de tout temps mon ami. Elle ne vous connaissait pas. Touchée par la grâce en même temps que moi, elle prit peur, n’ayant personne pour l’éclairer et se débattit dans les ténèbres. Par mon manque de confiance envers elle, j’ai prolongé sa résistance.

— Quoi qu’il en soit, reprit le moine, elle a maintenant besoin des conseils d’un prêtre. Je suis à son entière disposition.

Michel n’osait espérer qu’Adélaïde, irritée par la première intervention du religieux, acceptât de se soumettre à sa direction. Contre toute attente, elle accueillit cependant sans répugnance la proposition qu’il lui transmit. Dans la joie de son retour à Dieu, elle reconnaissait l’injustice de ses