Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/145

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lasse de cheminées sculptées, de fenêtres à meneaux et d’escaliers à double vis, le tout écussonné de salamandres et de fleurs de lys. Eh bien ! mon cher, il n’en sera rien, et pour la bonne raison que les Guérets ne furent construits ni par François Ier, ni par Catherine de Médicis. Ils ont une origine plus humble, qu’ils doivent à un sieur Gombault, médecin du duc de Choiseul, lequel accompagna son protecteur en exil à Chanteloup et fit bâtir, auprès du château maintenant détruit, une bonne et belle maison de style Louis XV, entourée d’un charmant jardin et située à deux portées de seringue de la forêt d’Amboise.

C’est dans cette maison que les Jersainville se sont accommodés : M. de Jersainville l’a eue en héritage d’une de ses tantes. La vieille dame avait empli les Guérets d’un épouvantable mobilier Louis-Philippe, mais n’avait pas touché aux boiseries qui garnissaient la plupart des pièces. Les Jersainville les ont remises en état et ont fait disparaître les fatras de la bonne tante pour les remplacer par de gentils meubles anciens sans grande valeur, mais plaisants à la vue. Ils ont fait aussi installer aux Guérets des salles de bain confortables et des cabinets de toilette ingénieux. Quant aux cuisines, elles sont admirables. Le sieur Gombault, qui était sans doute gourmand, les avait voulues vastes et commodes. Les Jersainville se sont pourvus d’une excellente cuisinière. Ils passent aux Guérets quatre ou cinq mois, chaque année. Je les comprends et je les approuve, car celui que j’y ai passé m’a paru court et charmant.

D’ailleurs, j’aurais été bien ingrate si je ne m’étais pas plu dans ce logis. L’accueil que j’y ai reçu fut délicieux et cordial. Vous savez que j’aime beaucoup mon amie Madeleine, et je crois, sans me flatter, qu’elle me rend quelque chose de mon affection. Aussi éprouvâ-