Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/324

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lorsque le soleil serait couché, nous descendrions à notre tour. À travers le dédale des rues, nous gagnerions quelque maison mystérieuse et blanche. Mais, tout à coup, d’en bas, j’ai entendu la voix d’Antoine qui nous appelait.


17 juillet. En mer. — Nous avons quitté Tunis et nous longeons la côte d’Afrique pour gagner Alger. De là, il a été convenu que l’on visiterait quelques ports d’Espagne et que l’on terminerait la croisière par les îles Baléares. Après la forte chaleur de Tunis et la fournaise de Kairouan, le souffle du large nous vivifie agréablement. La grande tente blanche de l’Amphisbène nous abrite du soleil. Nous y avons repris nos places accoutumées. Gernon a oublié sa colère crétoise et il continue à adresser à Mme Bruvannes ses galanteries ordinaires. Antoine a sorti ses fusils de leurs étuis et il s’amuse à abattre des mouettes et des oiseaux de mer.

Les Subagny trouvent le temps un peu long, bien que M. Subagny, pour se distraire, ait occupé son séjour de Tunis à se faire photographier en chef arabe par divers opérateurs ; mais il lui tarde de retrouver son masseur et ses soins hygiéniques habituels. Quant à Laure, elle reste volontiers silencieuse. Je me sens repris auprès d’elle d’une nouvelle timidité et de mes anciennes angoisses. Mon sort se décide peut-être, en ce moment, dans ses pensées.