particulière et que ma mère s’alarme à tort. Du reste, que je vais aller la voir sous peu et passer quelques jours avec elle. Mais le ton de ma voix ne convainc pas le docteur :
— Ta ta ta ! Ta mère n’a pas si tort que ça, et tu ne m’as pas l’air très faraud. Je parie que tu fais de la mélancolie, autrement dit, que tu ne prends aucun exercice et que tu passes tes journées à te ronger. As-tu au moins une maîtresse ?
À ma grimace, Tullier s’arrête :
— Allons, ne parlons pas de ça. Les médecins ne sont pas si indiscrets, et je ne suis pas venu pour t’ennuyer… Je sais bien qu’avec les femmes il y a de mauvais moments. Ah ! les coquines ! Mais je n’écrirai rien de tout cela à ta mère. Je vais la rassurer. De ton côté, tu vas me faire le plaisir de te secouer un peu, de laisser là toutes tes rêvasseries et, pour commencer, tu assisteras après-demain à la soirée de madame Tullier. Tu ne t’ennuieras pas. Il y aura des danseuses espagnoles. Ensuite, tu iras faire un tour chez ta mère. Une quinzaine au grand air…
Le docteur Tullier s’était levé :
— Mais je bavarde. J’ai encore plusieurs visites à faire avant d’aller à Tenon.
Il alla jusqu’à la porte, puis se retourna brusquement :
— À propos de visites, j’en fais en ce moment à ton ancien ami, Antoine Hurtin. Vous êtes toujours brouillés, je suppose, mais cela ne me regarde pas… Histoire de femmes, j’en suis sûr. Il les