Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/109

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rien à sa santé et qu’il aurait besoin d’en respirer un plus vif et plus salubre.

Le seigneur Alvenigo comprit la sagesse de cet avis et, après diverses hésitations, il se décida à se fixer à Vicence où il acheta, sur le Monte Berico, la belle villa nommée la Rotonda, œuvre admirable de notre Palladio. Il s’y était installé l’année même où brûla le palais Vallarciero et, depuis lors, il n’en était guère sorti. Il y avait transporté ses bustes antiques, ses livres et il s’était mis à y vivre en solitaire et en philosophe, car il se piquait d’avoir l’âme noble et grande et au-dessus des revers de la fortune.

Cette solitude philosophique où vivait le seigneur Alvenigo ne l’avait guère fait aimer de la noblesse vicentine, car les hommes ne supportent point que l’on affecte de se pouvoir passer de leur compagnie. Pour tout dire, l’Alvenigo était sourdement détesté, mais l’on n’osait guère lui faire montre du sentiment