Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/116

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J’étais si interloqué de ce discours qu’il m’eût été bien impossible d’y répondre, mais je n’eus pas besoin de rassembler mes esprits, car l’Alvenigo reprenait d’une voix encore plus éclatante, qu’il accentuait de gros coups de poing frappés sur la table :

— C’est dans une vie admirable que tu vas entrer aujourd’hui, Tito Bassi, et je compte que tu t’en montreras digne. Il faut désormais que tu oublies que tu n’as été jusqu’à présent qu’un pauvre garçon, né dans les plus bas rangs du peuple, fils d’un cordonnier et d’une lingère et nourri aux frais de ces Vallarciero qui t’ont confié aux soins charitables d’un abbé. Désormais, tout cela ne doit plus compter pour toi. Désormais tu n’as plus à t’occuper des sordides détails de l’existence ! À partir d’aujourd’hui, tu dois cesser d’être toi-même ; tu es comme si tu étais mort, mais tu vas ressusciter en mille vies plus hautes, plus ardentes, plus passionnées. Il ne t’arrivera