Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/162

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du spectacle que j’avais devant les yeux m’émut. Pour la dernière fois, je pouvais contempler notre Vicence. Elle s’étendait noblement dans la plaine. Les eaux du Bacchiglione et du Retrone luisaient. Le campanile s’élevait hardiment dans l’air pur de la nuit, auprès de la Basilique Palladienne. Çà et là, brillaient des lumières. À cette vue, je ne pus retenir mes larmes. N’était-ce pas dans cette pompeuse ville qu’étaient nés, avec moi, mes beaux désirs d’aventure et d’héroïsme ? Que de fois n’avais-je pas imaginé l’illustration qui rejaillirait sur elle de mes hauts faits futurs et de ma gloire certaine ! Hélas, de toutes mes ambitieuses espérances, il ne restait rien. Le sort impitoyable, après les avoir éludées une à une, venait de les détruire en une fois. L’avare destinée ne m’avait pas fourni ce que j’attendais d’elle. De même qu’elle ne m’avait pas permis d’être un héros véritable, elle renversait le vain simulacre par lequel j’avais tenté