Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/211

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que nous continuions notre lutte ridicule. On grimpait sur les chaises pour mieux nous voir, moi, cherchant à entraîner Pierina au dehors, elle, se débattant pour échapper à mon étreinte. Je ne me connaissais plus. Les rires sonnaient à mes oreilles.

Oh ! ces rires qui me perçaient le tympan ! Je les reconnaissais bien. Je les entendais chaque soir, quand, pauvre comédien, j’amusais le public de mes bouffonneries ; je les avais entendus, dans cette même Vicence, quand, au Théâtre Olympique, ils avaient dégonflé de leurs pointes cruelles mes illusions héroïques. C’étaient ceux qui avaient salué les débuts grotesques du pauvre Tito Bassi et qui accueillaient les basses grimaces de l’illustre Scarabellin. Ils étaient l’accompagnement inévitable de ma destinée manquée. Il était donc dit que je serais partout et toujours un objet de risée. Cette idée me bouleversait. J’étais véritablement fou de co-