Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du Podestat que j’apercevais à sa fenêtre se frappant le ventre de ses deux mains et la bouche ouverte dans un rire qui se confondait avec celui de tout Vicence. Ainsi, c’était en vain que j’avais cru que cette suprême occasion me permettrait de réaliser un instant le rêve d’héroïsme de toute ma vie. Mais, hélas, j’avais compté sans le seigneur Alvenigo ! Il avait su rabattre mes tragiques ambitions et leur organiser cette dernière déconvenue. Grâce à lui, j’étais de nouveau un objet de risée et un sujet de bouffonnerie. Grâce à lui, j’entendais encore résonner autour de moi ces rires qui avaient été toujours l’accompagnement de mes élans et, presque du haut de la mort, je retombais lourdement dans le grotesque. Et tandis qu’autour de moi Vicence entière acclamait la bonne farce de son Podestat et mêlait à ses acclamations le nom de sa maîtresse Pierina, je pleurai l’inutile et cruel affront infligé au pauvre Tito Bassi