Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/54

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s’engouffrait dans le palais avec mille grâces et mille simagrées, au bruit des instruments qui saluaient les entrées.

Pendant tout ce temps, j’étais, le cou tendu, à la fenêtre où ma mère m’avait installé auprès d’elle. Elle regardait cette pompe avec des yeux distraits. À sa mine, je m’apercevais bien qu’elle était loin de nous en pensée. Depuis longtemps son esprit nous avait quittés pour se mêler, sans doute, sous quelque personnage d’emprunt, à la foule brillante qui emplissait les salons et les galeries du palais Vallarciero. Ces jeux imaginaires lui étaient familiers. Ils ne provenaient pas chez elle du mépris de sa condition, ni de vanité, mais ils étaient l’effet d’une disposition de sa nature qui la portait à embellir sa vie de toutes sortes de fantasmagories. Cette faculté lui causait de grands plaisirs et jamais je n’aurais pu supposer qu’elle devînt pour elle un danger, pas plus que prévoir que cet innocent