Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/74

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Malgré l’air de bonté et d’intérêt avec lequel le Comte et la Comtesse me considéraient, mon embarras n’en était pas moins extrême, et il se changea en trouble le plus profond, quand j’aperçus, entre les bras de la Comtesse, une boule de longs poils qui s’y agitait frénétiquement et roulait de gros yeux en remuant des pattes griffues et quand je reconnus le carlin favori dont l’oubli dans les chambres enflammées du palais avait causé tant de malheurs. J’avoue que la vue de cette bestiole funeste m’infligea une pénible émotion. Il me semblait la revoir se débattant aux mains de ma mère apparue derrière les barreaux de la fenêtre grillée. N’était-ce pas pour sauver ce fâcheux carlin que la pauvre femme s’était hasardée à travers les flammes, suivie de mon père épouvanté ? Et le sinistre tableau se reformait devant mes yeux. Je réentendais les sifflements de l’incendie, son ronflement, ses craquements et les cris de ter-