Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/102

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la ville y fréquentaient et le plus assidu s’y montra M. d’Aiglieul. Il s’apparentait à M. d’Heurleleure qui l’avait eu, jeune, sous ses ordres et l’aimait beaucoup. La vie se menait fort simple à l’hôtel d’Heurteleure. Nul train, peu de domestique, mais l’existence s’y rehaussait de la proportion des salles, de la largeur des escaliers, de tout le faste anachronique de la vieille demeure.

Fut-ce l’ennui de ce séjour dans cette maigre ville déchue après l’agitation d’un métier bruyant, quelque reprise soudaine de l’esprit d’aventure, mais au bout de six années, M. d’Heurteleure et d’Aiglieul disparurent, un beau jour, sans qu’on pût savoir où. Le temps passa ; les recherches n’aboutirent pas. On présagea quelque mystère. Madame d’Heurteleure pleura. On tint de singuliers propos dont le bruit de proche en proche parvint jusqu’à la cour où on se souvenait encore de ces messieurs. On parlait un jour de cette double disparition devant M. d’Amercœur qui se fit fort d’éclaircir l’énigme. On lui donna plein pouvoir d’agir et il partit.

Son premier soin fut de revêtir la robe monacale, sûr avec cet habit de pénétrer partout,